Hiroshi USHIDA -Finie-

.

. Comment vous raconter mon histoire ? Elle n'a rien de bien passionant... Je suis né un quinze juillet pluvieux, au Japon, d'une mère occidentale et d'un père qui ne m'a jamais voulu... Je parle au singulier alors qu'avant, j'étais pluriel... En effet, je suis né le premier, faisant de moi le plus jeune, dans la minute qui suivit, mon frère ainé m'a rejoint dans ce monde. Si ce n'est pas clair, j'avais un frère jumeau !
Bon, vous apprendrez que je n'aime pas parler de moi, ça a le don de m'énerver mais là pas le choix.
J'ai vécu heureux en compagnie de mon frère et de ma mère, l'absence de mon père ne se faisant que peu ressentir. Mon frère et moi, ou plutôt ma moitié et moi passions le plus clair de notre temps, pour ne pas dire tout notre temps, ensemble, à faire les quatre-cent coups sans rien craindre. C'était le bon vieux temps, et on était ensemble c'était le principal.
Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin, et elle est toujours malheureuse ! On était de plus en plus proche lui et moi, il était le seul à me comprendre, le seul qui me redonnait le sourire, mon rayon de soleil... N'allez pas croire que je l'aimais ! Bien sûr que je l'aimais, mais d'un amour 'sain', un amour fraternel et fusionnel, on se complétait on se comprennait ça n'allait pas plus loin que ça. Il était mon monde, j'étais le sien point.
Bref ! Reprenons, on était donc de plus en plus proches mais ma mère n'arrivait plus à combler nos besoins, elle n'avait qu'un maigre revenu. Elle dut donc nous séparer, à notre plus grand désespoir. Il partit loin, très loin de nous, chez de la famille dont on ignorait l'existence et c'est à ce moment là que ça se dégrada. Je commençais à ressentir des symptômes de manque, de vide à l'intérieur de moi mais rien de bien gros, du moins au début. Ces symptômes s'aggravèrent au fur et à mesure, me rendant nerveux, violent, m'empêchant de vivre pleinement. Mais comment vivre sans son soutien ?
Il m'arrivait aussi de ressentir de violentes douleurs à la poitrine, néanmoins, je savais qu'elles ne m'appartenaient pas. Non ces douleurs, c'est mon frère qui les vivaient, lui et lui seul, mais notre lien était si fort que je les ressentais aussi, sans pour autant que ma santé soit touchée... Je savais qu'il n'allait pas bien, et je n'étais pas à ses côtés pour lui venir en aide. De plus, au fil du temps, les douleurs se firent plus puissantes, plus rapprochées, jusqu'à la nuit de ce quinze août qui nous a été fatale.
Je dormais presque paisiblement, vétu d'un simple tee-shirt appartenant à mon frère, et bien évidemment sous sa couette à lui, légèrement soulagé de ne pas avoir ressenti l'une de ces atroces pointes. Je n'aurais peut-être pas dû me sentir soulagé d'ailleurs... J'aurais dû rester méfiant, en alerte, mais non, j'étais soulagé. Une brise souleva mes cheveux et là, ça n'allait plus du tout : une violente douleur, bien plus forte que toutes les autres, apparut au plus profond de mon torse, une angoisse immense monta en moi et l'adrénaline la suivit de peu. Mon coeur s'emballa et s'arrêta quelques secondes avant de repartir normalement, le mien... Pas le sien... Un vide plus grand se créa en moi quand je le compris : je ne le reverrai jamais, je n'entendrai plus jamais sa voix ni son rire. Il venait de... de disparaitre simplement...
Vous n'avez sûrement rien compris, mais c'est dur d'expliquer une telle chose. Sachez simplement que j'ai perdu ma moitié et que plus rien ne me la rendra.
A présent je n'ai plus rien à perdre, alors si vous n'avez pas peur, venez me voir mais n'essayez même pas de m'énerver...