Rencontre avec la sirène ~

La nuit est tombée depuis plusieurs heures. Les étoiles illuminent le ciel, pendant qu'un jeune homme ne trouvait pas le sommeil. Yuna, elle, dormait à point fermé. Comme colocataire, on pouvait durement faire plus modèle, elle respectait les couvres feux, faisaient ses leçons et rangeait la chambre, même si Ez foutait rien: ce qui explique surement pourquoi elle, elle a sommeil et pas Ez.
Bref, notre ami décida donc de sortir et d'aller faire un tour. Son chemin à travers le château puis du village, l'emmena au cimetière mais pas par hasard. Le Duncan voulait un lieu isolé et sans humain, quelle personne normalement constitué irait dans un cimetière alors qu'il doit être minuit passé ? Personne.

Il faisait froid, le loup sentait l'air glaciale sur lui. Il s'aventurait plus loin dans les lieux, s'occupant peu des tombes, seule la tranquilité du coin l'intéressait.

" Pfoua. Un peu de liberté. Dommage pour le manque de place, j'aurai bien fais un tour sous ma forme animale... Enfin, n'abusons pas...... Quelqu'un ? Ici ? ... Pas grave..."

Ezreal, avait beau s'être vidé la tête, il n'en reste pas moins un loup avec son flaire de fauve. Et une autre personne se trouvait ici, cependant, l'odeur de tous les cadavres camouflaient un peu la véritable nature et l'origine de celle-ci. Enfin, qu'importe, cela ne le gênait pas. Il prit place sur un rocher, sous les étoiles et commença à fermer les yeux, appréciant le silence et le froid qui l'entourait; en gros, il était pensif.

Ezreal sougeait. Son esprit se vidait de plus en plus pour au final, se remplir par d'autres pensées. Tout ses sens étaient aux repos. Il se laissait aller. Prenant le risque de se faire attaquer sans rien voir venir. Néanmoins, il avait confiance en lui, et au lieu. Ce qui fit que notre ami ne bougea pas.
Quelque instant plus tard, il ouvrit les yeux et fixa le ciel. Son air songeur n'était toujours pas parti, mais il se focalisait sur autre chose. L'odeur qu'il ne reconnaissait pas, se déplaçait et même s'approchait jusqu'à se figer, une ou deux dizaine de mètre plus loin.
La silouhette d'Ez devait se mélanger avec celles des rochers et des tombes, car la personne ne semblait pas l'avoir vu. A cette vue, le Duncan commença à scrupter ses gestes. Cependant, rien ne bougea, les yeux du loup ne lui en apprendront pas plus, néanmoins, son ouïe lui permit de comprendre qu'elle pleurait.

D'un geste vif, il sauta de son repère et s'avança doucement vers l'inconnu. Sa marche était lente, et silencieuse, telle la marche du fauve sur sa proie. La seule différence était que là, c'était pour ne pas surprendre, et non pas pour chasser.

" Ce n'est pas ce que voudraient les morts que de voir leur proche venir les pleurer. Sinon à quoi bon avoir un cycle de la vie ? "

Ezreal n'avait pas de complexe particulier pour parler, et sa phrase n'avait qu'une visée: faire comprendre qu'il y a mieux à faire pour rendre hommage à un mort.

" Enfin, je dis pas ça pour faire la morale mais... Il y a des manières plus glorieuses de rendre hommage à un mort, et il faut le faire sous son meilleur jour. Je doute que cette personne apprécierait de voir un de ces proches aussi triste. La tristesse est contagieuse et la joie aussi. En somme, sèche tes larmes et avance pour elle. "

Sans rajouter un mot de plus, Ezreal se mit en retrait.

" Bref, je me mêle de ce qui me regarde pas. Désolé. "

Calme et solitude: voilà les deux choses qu'étaient venus chercher Ez dans ce lieu abandonné des hommes à la nuit tombée. C'est en y en repensant, qu'il se demandait pourquoi est-ce qu'il était venu jusqu'à elle. Surtout que l'accueil qui lui fut réservé était loin, très loin d'être amical. Tout d'abord, cette fille se met sur la défensive, répond de manière brève et sèche et enfin, semblait peu ouverte à la discussion.
Certes, le Duncan s'était mêlé d'une chose qui ne le regardait pas, dans sa vie, du sang, il en a versé par litres, il n'en est pas fier et sait à quel point perdre un être cher est surement loin d'être agréable. La seule chose qu'il voulait faire comprendre était simple; selon lui, si pour les proches, il est difficile d'accepter la mort de quelqu'un, pour ce dernier, ce n'est pas une partie de plaisir de voir ceux qui étaient ses proches, venir pleurer sur sa tombe.
D'un point de vu objectif, ce raisonnement tient la route. Le souci: peu de personne suive la logique. Cette personne n'échappait pas à la règle, son chagrin en était la preuve.
Le jeune loup se mit donc à fixer l'inconnu et à l'observer. Chaque geste, chaque mot qu'elle dirait était une source sûre permettant de déterminer quel genre de personne était-elle.

" Si tu veux. Je ne faisais que tenter d'apaiser ce chagrin que tu avais. Quand bien même je te suis inconnu, je ne laisse pas les gens pourrir dans leur coin si ça ne va pas. Enfin. Sauf si comme toi, on ne veut pas d'aide, auquel cas, je me tairais à l'avenir. "

Son regard était imposant, et fixait sans la moindre sourcillement la demoiselle. Ez était un prédateur, du moins, on l'avait formé à utiliser sa forme bestiale comme telle, et il se doutait bien, qu'une main sous la robe, c'était en aucun cas pour faire jolie.

" Tu sais. J'ai autre chose à faire qu'à chercher le conflit. Si c'était le cas, je n'aurai même pas pris la peine de te parler... Je t'aurai juste tué... Si je prends le temps de dialoguer, c'est que je cherche autre chose que du sang hein. "

Son ton ne changeait pas. Il gardait une voix à la fois neutre et sûre, le Duncan n'était pas du tout impressionné, mais il ne cherchait pas à impressionner non plus. Originellement, il n'était là que pour se reposer, puis il a décidé de tenter d'aider cette fille et finalement, peut-être qu'il va s'en aller comme il est venu. A quoi bon rester si on n’est pas le bienvenu ?

Ezreal était... Sans voix ? Cet individu venait, de le traiter de caniche, et de necrophile, quoi d'autres ? Ah, oui, il semblerait également que notre ami n'ait pas le droit d'être ici,car ce n'est pas son territoire.
En bref, Ezreal venait de trouver une personne, qui, allait, soit l'exaspérer, soit l'intriguer. Dans l'immédiat, notre ami n'étant pas du genre à se faire insulter de telle manière, il est plutôt exaspéré.

" T'es toujours aussi désagréable avec les inconnus ? "

Le Duncan ne voyait nullement quoi ajouter d'autres. Sa position n'avait guère changé, il ne faisait qu'observer la demoiselle. Son odeur était peu commode, son attitude était dans l'immédiat aucunement plaisante, bref, soit il avait un humour complètement décalé par rapport à elle, soit elle avait un problème.
Le jeune homme soupira. Hors de question pour le loup de perdre son sang froid comme cela. Quitte à être désagréable, autant la lui rendre.

" Sérieusement... C'est quoi ces manières ? Tu me prends pour ton chien ?"

De la provocation, encore, toujours de la provocation. Telle était le ressentiment d'Ezreal vis à vis de cette fille. Elle ne semblait vouloir que le provoquer. Pour quoi faire ? Avait-elle un plaisir à énerver les gens ? Le plus drôle pour le jeune homme, était qu'elle le testait soit disant. Eh bien, elle pourrait y aller. Le Duncan en a vu d'autres, quand bien même il fût surpris de ce caractère loin d'être appréciable, maintenant, il sait qu'il a à faire à une sorte d'hystérie. Cette dernière était d'ailleurs bien trop collante à son gout. C'est cette même proximité qui était suspecte.
Ezreal fit un grand soupir, reprenant entièrement son calme et fit un pas en arrière. Il était hors de question de baisser sa garde. Qui sait de quoi cette fille serait capable ?

" Qu'importe qui tu es, approche toi de moi d'aussi prêt, encore une fois, et je te promets de ne pas être aussi passif. Je ne sais pas qui tu es, ni ce que tu essaies de faire, mais je ne t'ai définitivement pas en affection. "

Le loup était passé de l'individu plus ou moins passif, qui tentait de comprendre, à l'individu sur la défensif, prêt à mordre au premier faux pas. Les choses ne risqueront pas de changer avant qu'elle ne se montre moins suspecte. Il est évident, que le jeune homme se rappellera de cette fille. Passé des larmes, à une espèce d'attitude provocatrice, tout en essayant de le narguer...
Entièrement sur la défensif, il observait tout. Son ouïe, sa vision, tout fixait cette fille à l'odeur inconnu. Sa race était indéterminé pour le Duncan, et cela faisait une raison de plus, au vu de son caractère, de se méfier totalement d'elle.